Collapse maya : ce qu’il fallait retenir de la conférence de Chloé Andrieu
Chloé Andrieu, chercheuse au CNRS à la tête du programme de fouilles Raxruha Viejo au Guatemala, a animé une conférence sur la fin des cités mayas. Elle a tenté d’expliquer le phénomène du collapse maya.
Ce qu’il faut retenir :
- Le collapse maya a duré plusieurs siècles et s’est déroulé en plusieurs périodes distinctes
- Il s’agit d’une chute du système de royauté et d’un système politique et pas de la fin d’une civilisation
- L’érection de stèles politiques a permis de dater le collapse et d’affirmer que le pouvoir est passé des grandes cités aux villes plus petites
- La chute de Dos Pilas est un révélateur et précipite le phénomène de collapse en favorisant les guerres
- La dérive sémantique actuelle du mot collapse entraîne un problème : la négation des Mayas actuels qui vivent toujours au Guatemala, Mexique et Bélize
C’est un sujet passionnant qui méritait bien une conférence. L’association Histoire d’en parler, organisait ce lundi 25 janvier une conférence animée par la chercheuse Chloé Andrieu sur le thème du collapse maya. Comment les cités-états si fortes, si importantes, se sont-elles soudainement écroulées et retrouvées enfouies sous la jungle ? Pourquoi les habitants ont-ils fui ? Autant de questions que la spécialiste a abordé pendant près d’une heure.
Un collapse étendu dans le temps
L’archéologie a permis de dater le phénomène grâce à l’étude des stèles retrouvées lors des fouilles. Mais ce n’est pas tout. « L’autre chose importante pour dater les abandons de cité sont les rites associés« , ajoute Chloé Andrieu. Les Mayas laissaient des offrandes lorsqu’ils quittaient une cité. La datation de ces offrandes permet donc de savoir quand la ville a été abandonnée par ses habitants.
Plusieurs périodes se détachent. « En 761, Dos pilas est détruite. Il y a une intrusion soudaine à laquelle la population n’était pas préparée. La ville est abandonnée. (…) La chute de Dos Pilas entraîne une série de guerres endémiques. Tous les villages alentours se barricadent et érigent des palissades (…) En 800, c’est à Cancuen que se déroule le massacre de la famille royale locale. La population fuit et la ville ne sera plus jamais occupée. »
L’effondrement des cités mayas est lié à la fin d’un système politique
L’effondrement des cités commence toujours par l’abandon des élites dans un premier temps, suivi des habitants dans un second. Ce qui permet à Chloé Andrieu de formuler l’idée suivante : le collapse maya correspond en fait à la fin d’un système politique et sociétal, celui de la royauté sacrée. Qu’est-ce qui a poussé les élites et les habitants à fuir ? Probablement la multiplication des guerres mais aussi la sécheresse.
💬 « La multiplication des guerres est certainement un facteur important mais ce n’est certainement pas la seule explication » #collapsemaya https://t.co/HZvY1iL5o5
— MayAzteque (@MayAzteque) January 25, 2021
La dérive sémantique du mot collapse pose problème
Le collapse est devenu un thème à la mode qui vend et fait vendre. Les archéologues n’hésitent donc pas à se pencher dessus. Pour ce qui concerne les Mayas, cette étude révèle la fin de plusieurs cités, mais en aucun cas l’écroulement d’une civilisation. « En archéologie le collapse n’implique en rien la disparition des gens« . La notion a dérivé de nos jours. « Dans cet usage du terme, on sous-entend que les Mayas ont disparu. » Or, ce n’est pas du tout le cas.
Chloé Andrieu souligne le problème de ce glissement sémantique. Il entraîne une négation de l’existence de quelques 8 millions de personnes qui vivent actuellement au Mexique, au Guatemala et au Belize #collapsemaya https://t.co/WdWQe7HEgP
— MayAzteque (@MayAzteque) January 25, 2021